Chère église,

« L’église n’est pas un bâtiment ! » . S’il est une phrase qui a été martelée, et prêchée dès le début de l’Ère Confinement, c’est bien celle-ci.
Si elle exprime le fait que notre vie chrétienne ne se résume pas à une journée par semaine,que le message de Christ ne peut être enchaîné (2 Tim. 2.9) et que l’église est un ensemble organique bien plus que des murs de briques, alors oui et amen !Si a contrario, se cacherait derrière cette déclaration, la pensée que les églises locales n’ont aucun besoin d’un lieu commun pour se retrouver, que se rassembler physiquement dans un même endroit est une affaire de religiosité (légalisme) et que nous avons besoin de rien d’autre qu’un écran pour vivre notre foi, alors autant dire que nous faisons fausse route.

Le Nouveau Testament et l’histoire démontrent que les moments où les croyants vivaient leur foi en mode distanciel/isolé, ça n’a jamais été par choix préférentiel. Soit qu’ils étaient chassés, emprisonnés, persécutés ou comme c’est le cas de plusieurs aujourd’hui, pour des raisons de santé liées à l’âge, à la maladie ou à un accident. Dans de telles circonstances, l’ère numérique nous est d’un secours considérable ! Si l’église en ligne est sans aucun doute utile pour renforcer notre édification personnelle, elle ne saurait remplacer notre communion fraternelle, indispensable à notre progression spirituelle.Hormis les occasions où nous pouvons rattraper une réunion manquée,
rejoindre une église de l’autre côté du pôle ou suivre pendant nos vacances notre propre communauté, les avantages spirituels que nous en retirons sont moindres, en comparaison des bénéfices dont nous prive «l’église-écran».

Jésus ne cherche pas à se dissimuler derrière une chrétienté-écran, comme le ferait le détenteur d’une société-écran, bien au contraire. Les intentions de Jésus (fondateur de l’Église), exprimées en 1 Corinthiens 12 sont, on ne peut plus claires et nettes : une église-corps et non une église-esprit.

Le chrétien (l’église) animé de l’Esprit de Christ cherchera par tous les moyens à se rassembler corporellement à quelque part. C’est dans son ADN spirituel ! De même que l’église n’est pas un bâtiment, l’église ne se vit pas derrière des écrans et ce, au même titre qu’elle ne se résume pas à une journée hebdomadaire.
À présent, voici 5 réalités vitales et bénéfiques dont nous sommes privés en demeurant exclusivement derrière des écrans.

1. CONNECTÉ À UN ÉCRAN MAIS SANS AUCUN CONTACT AVEC LES GENS

Si je vois sans être vu et que j’entends sans être entendu, peut-on vraiment considérer que je sois en contact avec l’autre ? Je suis là mais je suis seul. Est-ce là ce que le Seigneur souhaite pour moi, être inaudible et invisible dans l’assemblée des justes ? (Psaumes 1.4)

2. LE CONFORT DE MON SALON PRIVE LES MIENS DE MON RÉCONFORT

Et si ma voix, mes paroles, ma personnalité, mes dons et aptitudes, en bref ma présence pouvait faire la différence dans la vie d’un frère, d’une sœur en Christ ? (1 Corinthiens 12.7 – Galates 5.13b) Et si, avant de vouloir changer le monde,nous commencions par aider concrètement quelques personnes à progresser ?

3. L’INSPIRATION SANS IMPLICATION

C’est une excellente chose que d’être inspiré par le biais d’une capsule, d’un clip,d’une réunion à travers nos écrans. Mais l’inspiration reçue sans une implication concrète et volontaire, perd de sa pertinence. À quoi sert-il d’être édifié si je n’inspire personne à mon tour ? Jésus n’est-il pas venu former des disciples, en d’autres termes des praticiens et non des théoriciens ? Et si j’éteignais mon écran pour traverser le décor en m’impliquant corps et âme ?

4. À L’ABRI DES CONFLITS MAIS SANS L’OPPORTUNITÉ D’ÊTRE CONFRONTÉ

Soyons réalistes, être en contact avec nos proches engendre aussi des désagréments. Toute bonne famille qui se respecte a son historama de conflits. Quoi de mieux qu’un écran pour être au calme, mais a-t-on déjà vu un arbre se fortifier à l’abri des intempéries ? Accueillir la confrontation comme une opportunité de croissance contribue à fortifier nos racines inter-relationnelles.Surpasser la cime de nos conflits ne serait-il pas aussi une preuve de maturité que le Seigneur souhaiterait nous voir atteindre ?
N’était-ce pas là, l’un des sujets,l’un des appels les plus présents (pour ne pas dire pressant), de l’apôtre Paul à travers ses lettres ?

5. MESSAGE REÇU, HÉRITAGE TRANSMIS

Au-delà des messages entendus via les écrans, quel héritage laissons-nous à nos enfants qui nous observent et emboitent nos pas ? Récolterons-nous demain une génération de chrétiens qui n’éprouvera plus le besoin d’aiguiser sa foi au contact des siens, qui nourrira l’illusion d’être ensemble alors qu’ils ne sont plus les uns AVEC les autres, qui optera pour une foi à domicile plutôt qu’un engagement jusqu’aux extrémités, hors de nos zones de confort ? (Actes 1.8).
Formons-nous aujourd’hui des croyants qui demain feront bande à part au lieu de prendre part à la vie de l’église ?

L’ère numérique est incontestablement un atout majeur pour les temps que nous traversons, elle est un vrai plus.
Alors pourquoi allumer une lumière orange et tirer sur la sonnette d’alarme ? Tout simplement pour que « le plus » d’aujourd’hui ne devienne pas « le piège » de demain.
Lorsqu’elle est circonstancielle et occasionnelle, l’église distancielle n’est guère un problème. Cela le devient lorsque le présentiel figure au menu et que notre choix préférentiel est
exclusivement et systématiquement celui d’une foi confinée derrière des écrans.

Nos frères et sœurs baignants dans une atmosphère d’oppression et de réelles persécutions, témoignent qu’ils font tout pour pouvoir se retrouver physiquement dans un même lieu, quitte à le faire en nombre réduit, de nuit et clandestinement.Que penseraient-ils s’ils apprenaient que nous nous privons de la communion des uns des autres, sous prétexte qu’un masque nous rend inconfortables de par la buée qu’il provoque sur nos lunettes ? Oui, nous pouvons toujours brandir la carte de la prudence face à un virus virulent, mais qu’en est-il de leur réalité, celle de risquer leur vie jusqu’à la mort bien qu’en bonne santé ?

Si aujourd’hui un masque suffirait à nous tenir éloignés les uns des autres, qu’en serait-il si nous étions sommés d’interdiction de nous voir et de prier ensemble ?Nous nous retrouverions sur Zoom me direz-vous. Ah oui, vraiment ? Pourtant,l’instabilité des connexions ne rend-t-elle pas l’expérience suffisamment inconfortable pour nous décourager parfois d’y participer ? Quand on y réfléchit, en faudrait-il si peu pour démasquer la fragilités de notre volonté à demeurer ensemble? Serions-nous plus solidaires si demain nous tombions sous un régime totalitaire ?Lorsque je considère le taux de participation actuel, je peux sans risque et avec reconnaissance, déclarer que ce n’est ni un vulgaire morceau de tissu ni une simple voix entrecoupée qui auront raison de notre passion à demeurer ensemble (Psaumes 133.1), peu importe de quel côté de l’écran nous nous retrouvons.

À présent qu’en est-il de ceux qui, comme nos aînés et tant d’autres, n’ont pas d’autres options que de vivre leur foi à travers un écran, qu’en est-il de nos frères et sœurs pour qui l’église derrière un écran est une vraie valeur ajoutée à leur réalité ?

Puisque l’église n’est pas un bâtiment, qu’elle ne se vit pas derrière un écran et qu’elle est plus que la somme d’une seule journée par semaine, ne devrions-nous pas briser la vague de l’isolement en appelant, en visitant et allant à la rencontre de l’autre qui a besoin de nous, de toi, de moi ?

Ensemble, levons-nous au-delà des écrans !

Pst Phil